Les blogs chahutent le discours politique
«Qui a tourné la vidéo de Ségolène Royal évoquant les 35 heures dans l'enseignement public ? Qui l'a mise en ligne ? Et qui en a assuré la promotion ? Ces questions ont agité l'univers politique et médiatique et provoqué des réactions en chaîne sur la blogosphère.»Vendredi 17 novembre, neuf jours après la mise en ligne de la séquence sur le site d'échange de vidéos Dailymotion, elle avait été vue par 866 000 internautes. En tapant les mots-clés "Ségolène" et "profs" dans l'outil de recherche de Google, on constate que 428 blogs font référence à ces images, qui ont provoqué des centaines de commentaires d'internautes.»La propagation virale a joué à plein. Après sa mise à disposition sur le site communautaire, les principaux blogs politiques ont relayé l'information, en particulier le blog de Nicolas Voisin. Le jeudi 9 novembre au matin, le lendemain de sa publication, la séquence n'avait encore été vue que par 700 spectateurs. Le Monde.fr a fait état de son existence le 9 novembre en fin de journée. Vingt-quatre heures plus tard, quelque 100 000 personnes en avaient pris connaissance. Sur le site du Monde.fr, le trafic a été multiplié par deux sur la séquence "Présidentielle 2007" entre le jeudi et le vendredi, et est resté à "des niveaux très élevés" durant tout le week-end, précise Alexis Delcambre, rédacteur en chef du site.»Sa publication sur le Monde.fr a agi comme une caisse de résonance. La vidéo s'est retrouvée dès vendredi soir sur les chaînes de télévision, on a entendu la bande-son sur les ondes des radios. "C'est un parcours intéressant qui montre comment on peut légitimer une information", estime Nicolas Vanbremeersch, auteur du blog politique Versac.net, l'un des plus visités de la blogosphère.»Cette vidéo a agi comme un révélateur. "Les candidats ne peuvent plus ignorer le phénomène et sont obligés de réagir, car cela ne fait que commencer, juge Nicolas Vanbremeersch. L'analyse de la diffusion virale montre clairement que ce ne sont pas les états majors politiques qui sont spécialement actifs. Mais ce sont avant tout les militants qui sont entreprenants pour faire circuler les informations".»Pour Loïc Le Meur, dont le blog est numéro un en audience en France - et qui a affiché clairement son soutien à Nicolas Sarkozy -, cet épisode est en tout cas révélateur. Il marque pour lui "la fin du "off"". L'émergence des blogs dans le débat public place, selon lui, les hommes politiques face à des "changements majeurs", qu'il détaille en dix points sur son blog. "N'importe qui peut enregistrer les hommes politiques à tout moment", note-t-il en substance. Avec un téléphone ou un appareil photo capable de faire des vidéos dans la poche de chaque Français, chacun est en effet susceptible de publier sur le Web une vidéo d'un politique. "Tout ce qui est dit est archivé, ajoute encore le blogueur, le Web étant beaucoup plus permanent que les grands médias". Ce qui est dit est dit, et reste disponible à tout instant, indexé par les moteurs de recherche.»La diffusion virale est ce qui bouleverse le plus les pratiques dans le débat public. "Les vidéos amateurs peuvent désormais atteindre des audiences de centaines de milliers et bientôt de millions de Français", estime M. Le Meur.»"Les blogs personnels ont beaucoup plus d'impact que les sites officiels des partis politiques", note encore M. Le Meur. Du coup, "l'argent et l'action publics sont sous surveillance citoyenne, avec des millions de Français capables de diffuser ce qu'ils voient". Le début d'une véritable transparence politique ?»
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Digues, digues...